Une situation toxique qui s'installe...
Franchement, au travail, on a tous eu un jour d'envoyer son clavier valser contre un mur ou les dents de son collègue. Après
une
humiliation, après un manque de respect, après un reproche, après une erreur ou un bug technique, mais on se retient, on cache notre émotion et on se calme. Sauf qu'en fait, on n'a pas éteint le feu, on l'a juste un peu couvert...
Personnellement, je crois bien que de toute façon, mon accumulation, ça faisait deux ans qu'elle durait. Sur le papier, j'étais chargée de l'achat de droits de livres pour enfants. Dans les faits, c'était mon premier job et j'étais la dernière engagée, donc je dois déjà m'estimer heureuse que mon manager toxique ne me demande pas en plus de lui tenir le papier quand il va aux toilettes🧻...
Il avait une assistante. Elle gérait l'administratif et les réservations aux restaurants. Moi, je devais faire mon travail et etre son larbin : lui faire des photocopies, lui expliquer pourquoi on ne pouvait pas reproduire Mickey 🐭 dans nos livres, trouver du café à ses invités, dans une boîte où les employés n'ont pas le droit de boire de café et de temps en temps, je devais aussi répondre à des demandes farfelues du genre : "Comment s'appelait le cheval de Napoléon ?", "Où est-ce que je peux acheter des Louboutins pas chères ?", "Vous êtes sûre que vous voulez me faire perdre de l'argent en employant un traducteur allemand ? Faites-le vous-même !" (Pour info LV1 : anglais, LV2 : espagnol, mais il s'en foutait).
... Et qui finit par déraper !
Sauf qu'à force d'accumulation, d'humiliation ou d'infantilisation au travail, on finit par explorer 🤯.
Je me souviens que j'étais extrêmement concentrée sur un dossier quand mon téléphone a sonné. La voix dédaigneuse de mon boss en est sortie pour me demander de venir dans son bureau. Là, il a fait une réflexion sur mon chemisier froissé (il était 16h) et m'a balancé, avec tout le mépris dont il était capable, une pile à photocopier "pour hier". J'ai soufflé, il a dit : "Vous n'avez qu'à dire que ça vous emmerde de me faire des photocopies."
Je suis sortie du bureau, mi-bouillonnante, mi-terrifiée. J'ai jeté un œil dans le bureau de l'assistante du patron qui faisait mine d'être super-absorbée. Et je me suis dirigée vers la photocopieuse au fond du couloir, ma monstrueuse pile à la main. Tout au long de la traversée du couloir, je passais devant les bureaux de mes collègues qui me faisaient des simulacres de sourires compatissants ou détournaient le regard pour ne pas croiser ma honte.
J'ai commencé à photocopier tout en pensant à mon dossier en cours, à mon rendez-vous que je devrais décaler pour pouvoir le finir à temps, à mon chemisier, à tous les efforts que j'avais fait pour obtenir mon diplôme et au bruit de la photocopieuse qui me prenait la tête. J'ai tout balancé. Les feuilles ont volé autour de moi. J'en ai attrapé quelques-unes qui avaient résisté à mon attaque et j'ai foncé droit sur le bureau. Je suis entrée sans frapper, ce qui était interdit et j'ai jeté les feuilles sur son bureau en lui hurlant dessus que “Oui, ça me faisait vraiment chier de lui faire ses photocopies à la con 🤬".
L'envie de lui foutre la photocopieuse dans la tête était aussi forte...
Retour au sang-froid
Je suis repartie en claquant la porte et je suis allée m'asseoir à mon bureau. Je n'ai plus bougé. Des collègues venaient me voir, cherchaient à comprendre. Ils s'inquiétaient faussement pour moi ou me trouvaient courageuse. J'ai fini par pleurer au travail et par partir. Le lendemain, je suis revenue comme si de rien était 😅.
J'étais presque heureuse d'avoir craqué et vidé le trop-plein qui m'habitait. Mon patron est arrivé et il m’a souri en me disant bonjour... comme si finalement ! Il avait fini par obtenir de moi ce qu'il attendait depuis longtemps. Je l'ai haï encore plus, mais quelques mois plus tard, je me faisais licencier, comme tous mes collègues et lui, il a perdu sa boîte 🖕.
Comment (mieux) gérer (que moi) ?
Bon, voilà, je vous ai raconté ce funeste jour. Cependant, cela ne veut pas pour autant dire qu'il faut faire comme moi hein ! Cette histoire a bientôt 10 ans et maintenant, j'ai évolué et je sais que je ne réagirai plus comme ça. J'ai notamment lu le livre "Gérer les personnalités difficiles au travail" de François Lelord et Christophe André, qui est plein de bons conseils. D'ailleurs, j'ai envie de vous en partager 3 pour mieux gérer son pétage de plomb au bureau :
1. Prendre du recul
Quand on vient de libérer le monstre de sa colère intérieure et qu'on a franchi les limites, il est assez judicieux de ne pas rester sur le lieu du crime ! Blague à part, prenez du recul en vous éloignant de la source de votre colère. Allez prendre une pause, faites un tour, allez respirer et s'il le faut, demander poliment à prendre le temps nécessaire pour retrouver votre calme, personne ne devrait vous en vouloir.
Reprenez vos esprits et le contrôle de votre corps en effectuant quelques exercices de respirations puis rejouez la scène en éliminant le plus possible les émotions. Analysez la situation : j'ai pété un plomb parce que... / J'ai blessé une telle et untel. Maintenant demandez-vous comment réparer et comment ne plus vous retrouver dans cette solution.
2. Proposer des solutions
Parfois les solutions sont simples :
- Mon ordinateur bugue au moment où j'allais terminer ce très long rapport ➡️ je fais des sauvegardes plus fréquentes ou j'essaye de savoir s'il y a un problème avec mon ordinateur.
- Ma collègue m'insupporte à me parler de son chien ou de son gosse toute la journée ➡️ j'installe dorénavant une distance physique ou je lui explique que j'ai besoin de beaucoup de concentration et qu'elle ne peut pas me parler toute la journée.
Et puis parfois, c'est plus compliqué. Une situation peut nous mettre hors de nous, nous exaspérer de façon répétée sans que nous n'ayons le contrôle dessus. Il est peut-être temps de s'interroger sur notre job, l'importance qu'on lui donne ou l'importance qu'il prend. Peut-être sommes-nous aussi lassés, sous tension. Un pétage de plombs n'est pas anodin. Il peut aussi être le signe d'un mal sous-jacent, un signe avant coureur de burn-out ou même de dépression. Il convient donc de s'interroger sérieusement sur la cause de ce craquage et sur la façon de l'éviter ensuite.
3. Reconnaître ses torts
C'est le moment de montrer que nous sommes adultes et d'assumer. Si votre manager n'est pas au courant de votre craquage, prévenez-le. Racontez les événements de façon claire et le plus objectivement possible. Soyez détachée, mais impliquée. Ne vous cherchez pas d'excuses et expliquez ce qui vous a mené là.
Enfin, présentez vos excuses à toutes les personnes qui étaient là lorsque vous avez pété un plomb. Cela permettra de clore l'épisode en évitant les rumeurs et les propos déformés. Soyez sobre et simple. Évitez les phrases longues et l'autoflagellation (souvenez-vous que l'on préfère que vous disiez merci plutôt que désolée).
Comment faire pour éviter de péter un plomb au travail ?
Enfin, la meilleure façon d'éviter de craquer au travail, c'est encore d'écouter et d'apprendre à gérer vos émotions, pas comme ce que j'ai fait. Reconnaissez vos émotions et écoutez ce qu'elles vous disent. Vous êtes triste ? En colère ? Peut-être que vous avez besoin de plus vous affirmez ? De vous sentir soutenue ? Peut-être que vous ne vous épanouissez plus dans votre job ?
Maintenant, plutôt que d'exploser sur les autres ou sur le matériel, exprimer votre colère par écrit, faites une pause, changez de décor un instant, pleurez, prenez votre meilleure collègue sous le bras et allez râler, etc. Exprimez vos émotions négatives sans violence.
Enfin, vous pouvez aussi opter pour la communication non violente. Si une situation vous met régulièrement sur les nerfs, tentez de voir si vous pouvez la résoudre tout simplement en abordant le sujet avec la ou les personnes concernées. Profitez d'un moment de calme pour le faire et afin de pouvoir parler plus sereinement.
L'avis de la rédaction : quel est le message derrière tout ça ?Un pétage de plombs au boulot, ça arrive, mais ce n'est pas rien. C'est un signe fort de votre corps qui n'en peut plus et reprend le contrôle. Émotions refoulées, frustration, sentiment d'injustice, fatigue etc. tout ça mis bout à bout, ça explose à un moment ou un autre. Il faut être capable d'entendre ce message, quelle a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase ? Pourquoi ? Quelle émotion se cache derrière tout ça ? Qu'est-ce qui doit changer pour que ça n'arrive plus ? Si vous avez fait une sortie de piste au travail, ou que vous n'en êtes pas loin, prenez rendez-vous avec un psychologue dans les meilleurs délais afin d'en parler. 🤗 Se comprendre, s'accepter, être heureuse... C'est ici et maintenant ! #BornToBeMe Contacter un psychologue |
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Anonyme il y a 2 ans