Tutoiement au travail : Est-ce une bonne idée ? Que faire ?

Mis à jour le par Justine Guilhem

"Je dois la tutoyer ou la vouvoyer elle ?". Voici une phrase que l'on peut se dire facilement quand on croise une nouvelle personne en entreprise ou quand on est nous-même la nouvelle. Il n'est pas simple de savoir si le vouvoiement ou le tutoiement est de mise. D'un côté, on fait preuve de respect et distance, de l'autre, on est plus décontracté, peut être un peu trop. Il y a certains pièges à éviter et des règles à garder en tête afin de bien s'adapter. Comment s'y retrouver et éviter les impairs avec le vouvoiement et le tutoiement ? On vous explique !

Tutoiement au travail : Est-ce une bonne idée ? Que faire ?

D'où vient le tutoiement ?

Pour bien comprendre, parlons d'histoire 🤔. Considéré sous l'Ancien Régime comme grossier, le tutoiement arrive via les révolutionnaires Français, qui vont imposer l'usage du tutoiement comme pratique égalitaire et expression du lien universel unissant tous les citoyens français, quel que soit leur métier, fonction ou position hiérarchique et en publiant un décret sur le tutoiement obligatoire le 8 novembre 1793. Cette pratique disparaîtra sous la Convention thermidorienne (1794/95) et le "tu" sera réservé à l’extrême intimité ou à la fréquentation des maisons closes.

Au cours du XXe siècle, on assiste au passage du "Vous" au "Tu", largement influencé par la littérature et le cinéma avec la célèbre réplique de Jean Gabin en voyou à Michèle Morgan la bourgeoise bien élevée "T’as d’beaux yeux, tu sais", auquel elle répond : "Embrassez-moi" - puis, après le premier baiser :"Embrasse-moi encore". La génération 68 a bousculé les codes, de même que la déferlante anglo-saxonne où un simple "You" suffit, indifféremment à qui l’on s’adresse ✌️. 

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Le tutoiement et le vouvoiement au travail

Voilà pour ce qui est de l'arrivée du tutoiement dans notre langue. Maintenant, revenons-en au contexte professionnel. Que choisir ? Voici un petit décorticage du tutoiement et du vouvoiement. 

👉 Le "tu" : une certaine proximité

Le "Tu" et le "Vous" sont des outils linguistiques qui permettent de gérer la proximité et la distance. Ils expriment les stratégies plus ou moins conscientes au sein des groupes de travail ; si "Vous" distancie, "Tu" déformalise, mais il peut aussi apparaître comme un manque de respect selon la culture d'entreprise 🥴.

📌
Selon une étude de la Dares parue en 2010, 65% des salariés tutoieraient leur supérieur. À noter qu'il existe une différence de genre, 51% de femmes seulement tutoieraient leur supérieur contre 73% d'hommes. La linguiste Eva Havu avance que le "vous" reviendra à la mode dans les années à venir avec le départ en retraite de la génération de mai 68 🤔...

Il existe également une grande différence entre les secteurs. Le tutoiement est de mise dans les start-up comme dans toutes les entreprises qui veulent se donner une image "jeune, dynamique", "cool et innovante". Du côté du secteur bancaire, des institutions et autres, le vouvoiement est de mise 🏦. 

👉 Le "vous" : prise de distance

Le pronom "Vous" indique la distanciation, indispensable dans les rapports professionnels, notamment avec les supérieurs. Il est de rigueur tant qu'on ne sait pas si on peut tutoyer la personne et si on a affaire à un manager toxique 🤕. Cependant, il peut être aussi interprété de manière trop pompeuse et renvoyer une image trop guindée, surtout si les deux personnes ont la même tranche d'âge...

 Entre un "vous" qui impose une distance et un "tu" parfois forcé, il n'est pas toujours facile de choisir. Les tendances le font pour nous...

Les illusions du tutoiement

Aujourd'hui, l'objectif des entreprises est de créer de la proximité entre les salariés, en établissant une qualité de vie au travail moins formelle, plus décontractée et de favoriser l'esprit d'équipe et le sentiment d'appartenance. Cela permet d'éviter aussi la peur de la hiérarchie chez les employés et de faire un management plus horizontal.  Bref, l'utilisation du tutoiement est à son apogée, car il donne une image dynamique des entreprises qui l’utilisent. 

Cependant, n'est-ce pas un peu illusoire 😬 ? En effet, on a l'impression que la relation est adoucie et que l'on ne vivra pas de conflit professionnel. Sauf que ce n'est pas parce qu'il y a du tutoiement, qu'il n'y a pas de mal-être au travail ! Au contraire, cela peut masquer des problématiques profondes... Le tutoiement n'empêchera pas notre manager d'être passif-agressif si quelque chose ne lui convient pas dans notre travail 😅.

Sans compter que cela peut nous empêcher d'être moins à l'aise pour réclamer de meilleures conditions de travail ou une augmentation de salaire à une hiérarchie que l'on tutoie. Eh oui, ça donne une dimension de proximité dont on se passerait bien au travail

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Les pièges à éviter

Alors que faire ? Si le tutoiement est de mise aujourd'hui, cela n'empêche pas qu'il y a beaucoup de codes dans les relations professionnelles 🤯. Selon la psychologie sociale, le choix entre le tutoiement et le vouvoiement au travail n'est pas seulement une question de grammaire, mais aussi de relations interpersonnelles et de culture d'entreprise. C'est ça qu'il faut retenir, quand on arrive dans une entreprise, on tient compte des us et coutumes ainsi que du rapport d'autorité établie. Dans le doute et en l'absence d'indication claire, il est préférable de dire "vous" et d’attendre l'invitation pour passer au "tu".

Voici donc le résumé des conseils à prendre en compte pour le tutoiement et le vouvoiement au travail : 

  • 👉 Comprendre la culture de l'entreprise : On doit saisir la culture d'entreprise dès l'entretien d'embauche et même avant, lorsqu'on le prépare ! Ca permet ainsi de mieux s'adapter et de voir quelle est la norme. 
  • 👉 Respecter les préférences individuelles : Même dans une entreprise où le tutoiement est la norme, certaines personnes peuvent préférer être vouvoyées. On doit donc respecter ces préférences individuelles et si on n'est pas sûr, on demande.
  • 👉 Considérer le contexte : Le tutoiement peut être approprié dans certains contextes, comme lors d'une réunion informelle ou d'un événement social, mais pas dans d'autres, comme lors d'une réunion avec un supérieur hiérarchique.
  • 👉 Faire preuve de respect : Le respect ne dépend pas seulement du "tu" et du "vous", mais aussi de la manière dont on parle et agit.
  • 👉 Éviter les suppositions basées sur l'âge ou le statut : On peut être tenté de vouvoyer les personnes plus âgées ou de rang supérieur et de tutoyer les personnes plus jeunes ou de rang inférieur. Cependant, cela peut être perçu comme condescendant ou irrespectueux. Il est préférable de traiter tout le monde de la même manière, sauf indication contraire.
  • 👉 Être cohérent : Une fois que l'on a décidé de tutoyer ou de vouvoyer quelqu'un, il est important d'être cohérent. Passer constamment du tutoiement au vouvoiement peut être déroutant et donner l'impression que l'on est incertain ou insincère.

Voilà pour nos conseils sur le vouvoiement et le tutoiement au travail, mais si vous en avez plus, n'hésitez pas à les donner en commentaire 😉 ! On sera ravie de vous lire ! 

Plus d'explications en vidéo

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L'avis de la rédaction : l'adaptabilité, le maître mot

On ne peut pas décider seul de tutoyer ou de vouvoyer un collègue ou un supérieur. Cela doit se faire naturellement, selon tous les conseils que l'on a donnés. On n'impose pas sa loi aux autres, mais parfois, il est difficile de s'adapter, en particulier si on est stressé et qu'on manque de confiance. Si vous avez le sentiment de ne pas trouver votre place au travail, de ne pas arriver à facilement vous adapter, vous pouvez consulter un coach qui pourra vous apporter des solutions rapides et concrètes ! Alors n'hésitez plus : 

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Mais aussi : 

Sources : "Les trajectoires salariales des individus" par Sévane ANANIAN et Oana CALAVREZO (Dares) / "The Relationship between Effective Communication and Employee Engagement" par Kevin Ruck et Mary Welch.

Article proposé par Justine Guilhem

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"You" n'a jamais été en tutoiement en anglais. You est au contraire une généralisation du vouvoiement, ou en tous cas du non-tutoiement. "Tu" se disait "thou" comme cela peut encore se lire dans des textes ou chansons des époques où il était usité. Concernant le conseil de faire attention à son choix, c'est fort prévenant. Mais, si le tutoiement est imposé au point de provoquer, volontairement en réalité, la singularisation stigmatisante de celui qui tient à rester au vouvoiement, c'est bel et bien pour imposer - me semble-t-il - le deal suivant: soumettez-vous, ou alors battez-vous zy va si t'as un problème, ou dégagez; bref, pour imposer une little mafia atmosphere, où ce sont les tripes et non la bonne société respectable et ses lois (sous-entendu, d'immondes bourgeois bien sûr) qui régulent les relations. Tu tu turlututu, poil au c__

Lou O'papp il y a 7 mois

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15 avril · Wengood

8:57


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