Le biais d’autorité au travail : non, le chef n’a pas toujours raison !

Mis à jour le par Camille Lenglet

Ne vous est-il jamais arrivé de faire quelque chose que vous trouviez stupide, mais de le faire quand même, car c’était votre boss qui vous en avait fait la demande ? Moi ça m’est arrivé un bon nombre de fois dans ma vie professionnelle. À chaque fois, je n’ai pas cherché à contester, car je me disais “après tout, c’est mon n+1, il sait ce qu’il fait”. Sans m’en rendre compte, je sautais à pied joint dans le biais d’autorité. Et je parie que, vous aussi, vous en avez été victime. Je vous explique comment il fonctionne.

Le biais d’autorité au travail : non, le chef n’a pas toujours raison !

L'autorité, c'est pas automatique

J’avais déjà parlé du biais d’autorité sur Wengood, à travers l’expérience de Milgram. En effet, ce biais a été mis en évidence par ce psychologue dans les années 60 pour comprendre comment les gens ont-ils pu se soumettre aux ordres des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Il a donc fait une expérience, où des participants infligeaient des chocs électriques (en réalité faux) à une personne (en réalité un acteur) sous les ordres d'un scientifique en blouse blanche (également un acteur). La majorité des participants ont obéi à cause de la blouse blanche, même lorsque les chocs devenaient dangereux, voire mortels 💀.

👉 Le biais d’autorité a donc bel et bien été prouvé : on accorde de la crédibilité et de la confiance aux personnes d’autorité, même si leurs décisions ou opinions sont discutables.


"La plupart des gens se soumettent à l'autorité sans se poser de questions, même lorsqu'ils sont amenés à commettre des actes qui vont à l'encontre de leur conscience." - Stanley Milgram


Pourquoi on obéit aveuglément ?

Certaines personnes ne supportent pas l’autorité, quand d’autres s'y contraignent sans broncher, comme moi. Cependant, c’est tout à fait normal, comme l’a expliqué Milgram. En effet, dès notre enfance, on nous apprend à respecter l’autorité, que ce soit nos parents, nos enseignants et donc plus tard : nos supérieurs 🤐.

On pourrait se dire qu’une fois devenu adulte, on pourrait se rebeller, mais en réalité, il y a quelque chose qui pèse lourd sur nos têtes : les conséquences d’une opposition à l’autorité. On a peur de se faire engueuler, de se faire sanctionner, qu’on soit mal vu au sein de notre boîte ou pire encore, qu’on perde notre boulot 🙃.

Une dispute entre une manager et son employé

Contester, c'est prendre des risques, pas étonnant qu'on soit réfractaire ! 

Les conséquences de ce biais au travail

Certes, les atrocités de la guerre ne sont pas comparables à un travail de bureau, mais il y a quand même des répercussions néfastes pour notre vie professionnelle. En effet, si on suit aveuglément les ordres, on finit forcément par passer à côté de bonnes idées ou par perpétuer les mêmes erreurs. Ce n’est pas parce que notre chef nous dit “on a toujours fait comme ça ici” que c’est une bonne chose 😓 (d’ailleurs ça fait partie des phrases à bannir du travail).

Surtout que dans les pires cas, le biais d’autorité peut nous mener à des dérives graves, comme du harcèlement au travail ou des erreurs financières. Il faut donc bien comprendre qu’on a le droit, en tant qu’employée, de dire quand quelque chose ne nous convient pas. Il faut faire preuve d’assertivité et dire, avec diplomatie, ce que l’on pense. Avec du tact et des arguments solides, on peut faire bouger les lignes 💪 !

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Comment dépasser le biais d'autorité au travail ?

Ce n’est pas simple d’oser dire ce qu’on pense à son boss. Pour ma part, il m’a fallu des années avant de me dire que j’avais un "simple humain" en face de moi et qu’on était sur le même pied d’égalité. Certes, un style de management vertical ne nous aide pas à dépasser le biais d’autorité, mais c’est tellement libérateur ! Car oui bien souvent, ça génère beaucoup de frustration 😅.

Bref, voici ce que je fais pour pouvoir dire tout haut ce que je pense tout bas au boulot :

  • 👉 Je cultive mon esprit critique. Pour cela, je prends du recul en me posant une ces deux questions : “est-ce que cette décision est la meilleure ?”, “est-ce que j’ai une idée qui pourrait être bonne ?”.
  • 👉 J’instaure le dialogue en disant des phrases qui montrent du respect du type “ j’adore ton idée, mais j’en avais eu une aussi, tu me diras ce que tu en penses bien sûr”. On a le droit de ne pas être sur la même longueur d’onde et il faut à tout prix s’exprimer.
  • 👉 Je prépare des arguments en béton. À chaque fois que j’ai proposé une alternative, je l’ai vraiment bien réfléchi pour prouver que ça serait le bon chemin à prendre.
  • 👉 Je travaille ma confiance en moi. Bon ça, c’est un travail de longue haleine que j’essaie de faire depuis un moment pour me débarrasser de mon syndrome de l’imposteur. Mais j’ai bien conscience que mes idées valent celles des autres, ! Ce n’est pas parce que je ne suis pas manager que je suis “nulle”.

Bien sûr, tout cela est plus facile à dire qu'à faire, surtout dans un environnement de travail très hiérarchisé, voire infantilisant… Toutefois, si on prend conscience de ce biais, on peut, petit à petit, parvenir à s’affirmer, voire à se dire qu’on vaut mieux que ce travail qui nous étouffe. Oui, ça peut être le déclic pour voler vers d’autres horizons et changer de métier !

L'avis de la rédaction : entraîner son esprit 

Le biais d'autorité peut être un frein non seulement à notre épanouissement, mais aussi à notre bien-être. Il est essentiel de reconnaître quand et pourquoi nous cédons à ce biais, afin de pouvoir agir et penser de manière autonome et critique. Si vous vous sentez souvent contraint de suivre des ordres sans les remettre en question, ou si vous éprouvez des difficultés à exprimer vos opinions par crainte de l'autorité, il pourrait être bénéfique de discuter de ces enjeux avec un psychologue. Un professionnel peut vous aider à comprendre vos réactions face à l'autorité et à développer des stratégies pour affirmer votre voix. Ne laissez pas le biais d'autorité dicter vos actions sans un examen critique. Prenez le contrôle de vos décisions.

🤗 Se comprendre, s'accepter, être heureuse... C'est ici et maintenant !
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Mais aussi :

Source : “Journal of Abnormal and Social Psychology” publié en 1963 par Stanley Milgram

Article proposé par Camille Lenglet

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