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J'ai vécu ma meilleure vie !
On ne faisait que se croiser dans cet appartement et avant ça, nous avions couru toute la journée, avec pour seule pause, ces 8 heures assis à notre bureau.
Lorsque le confinement a été annoncé, tout le monde est rentré au bercail. J'ai retrouvé mon mari et mon fils. Ça avait à peine commencé et j'étais déjà comblée. Pendant deux mois, on a fait des siestes à trois, bien mangé, télétravaillé ensemble, déjeuné sur notre petit balcon et fait quelques petites balades tous les trois. Que souhaiter de mieux ?
Luxe, calme et volupté
Pour moi, le confinement avait vraiment du bon. Alors que tous avaient la sensation d'être privé de liberté, j'avais l'impression de retrouver la mienne, de pouvoir enfin m'accorder une pause. Un vrai luxe !
On écoute les oiseaux chanter, on marche... pas loin... pas longtemps, mais plus qu'avant, en fait. On prend le temps de faire tout ce qu'on a envie de faire et qu'on ne faisait pas avant. Et enfin, malgré la distance, nous n'avons jamais autant appelé nos proches et pris de leurs nouvelles.
Nostalgie et anxiété
Quelques jours avant le 11 mai, je n'écoute plus la radio, je ne regarde plus les infos, je stresse quand j'entends parler de déconfinement, je dors mal et j'ai l'impression d'être la seule à ressentir cette appréhension du monde d'après.
La réalité revient frapper
Après deux mois à un rythme ralentit, le déconfinement frappe un peu comme la fin des vacances. Allez demain tu remontes en voiture te confronter à d'agaçants conducteurs, tu cours après le temps, stresse à l'idée d'arriver en retard et tu retournes t'asseoir pendant 8 heures d'affilées sur ta chaise.
Je ne suis pas prête à retrouver cette vie faite de consommations abrutissantes, de sourires forcés et d'impératifs quotidiens. Le confinement m'a permis de comprendre que je ne voulais plus passer mes samedis à chercher un jean ou ma future table de chevet avant d'aller à un énième apéro avec une motivation toute relative.
Je ne ferais pas petit syndrome de la cabane ?
Le syndrome de la cabane, c'est la peur de quitter son lieu de confinement et de devoir à nouveau se confronter au monde extérieur.
Ce syndrome est né au début de XXème siècle, à l'époque de la Ruée vers l'or. Il touchait les chercheurs d'or qui étaient nostalgiques de leur vie recluse, dans leur petite cabane, une fois qu'ils retrouvaient la civilisation.
Pour les plus angoissés ou les plus introvertis d'entre nous, l'ordre de rester chez nous, dans notre cocon protecteur, nous permettait de protéger notre santé, mais aussi de fuir un quotidien et une vie sociale stressante (mal être au travail, peur du regard des autres, difficulté de communication, timidité). A présent, il faut s'adapter à nouveau, retourner à la réalité et c'est une vraie source d'anxiété.
L'avis de la rédaction - Non à l'injonction au bonheur !J'ai bien conscience que ce discours est politiquement incorrecte. On parle tout de même d'un contexte de pandémie et si pour certains le confinement a été douloureux pour d'autres, il était tout simplement dramatique. Cette privation de liberté peut avoir un goût amer, mais je refuse catégoriquement et ne me reconnais absolument pas dans cette injonction au bonheur du déconfinement. Je ne ressens pas la joie d'une hypothétique liberté retrouvée. Et je suis sûre que je ne suis pas la seule... c'est juste un point de vue difficile à partager. |